Dès l’annonce de l’annulation de la conférence prévue, je sus que le démon s’était emparé de moi. Je devenais un objet en son pouvoir. Je ressentais les effets de la possession : une chaleur me traversait, Sans aucune sollicitation visuelle ou tactile, mon membre se gonflait.
Dans ma ville, Il était connu qu’un certain jardin public abritait des rencontres homosexuelles. Implicitement, je supposais que ma défloraison anale trouverait satisfaction auprès d’un autre homme. Jusques là, je n’étais pas passé à l’acte, une certaine réticence me retenait. En fait, hétérosexuel, vivant avec une étudiante de mon amphi, je n’étais pas attiré par le corps masculin.
Cependant, mes chaleurs m’y conduisirent. Depuis mon adolescence, le démon me possédait inopinément et me quittait après une masturbation hâtive libératrice. Quelques pénétrations anales avec divers objets me donnèrent quelques plaisirs fades avec finalement une frustration diffuse résiduelle au décours. Cette nuit était différente. Mon ventre réclamait.
Ce soir-là, durant ma déambulation, je ne fis pas de rencontre opportune. Sur le retour, Je croisais un homme grand bien habillé, noir de peau auquel je ne prêtais pas attention.
En passant devant une vitrine, un d’objet de décoration retint ma curiosité. Mon regard avait été attiré par une statuette africaine constituée de 2 personnages solidement accouplés et maintenus par une corde au niveau de l’abdomen. Quelques secondes plus tard je m’aperçus que l’homme que j’avais croisé était près de moi, probablement plus intéressé par mon corps que par la vitrine. Je compris qu’il m’avait suivi. Mu par le désir, je me cambrais en signe de consentement, surpris moi-même par cette attitude sexuelle de soumission.
« Je suis à l’Hôtel M… tout près, je vous attends au bar, pas plus de 15 minutes ». Il s’éloigna. Autrement dit, il me laissait le choix. Pourtant le ton de la voix est plutôt impérieux, presque un ordre. Je compris que la soumission sexuelle ajoutait à mon désir animal d’accouplement. Le feu aux joues, le cœur battant, je le rejoignis.
A cette heure tardive, le bar était quasi désert. Je m’assis en face de lui. Il me fixa d’un regard de prédateur, sans aménité, je baissais les yeux. Au pied du mur, j’hésitais à sauter le pas. Comprenant mon trouble, Il vint à mon secours : 804 était écrit sur la serviette en papier qu’il me tendit.
Il quitta le bar. Après quelques secondes, je me décidais.
Je frappai doucement, la porte de sa chambre s’ouvrit. La pièce était plongée dans l’obscurité, seulement éclairée par une bougie qui jetait une lumière incertaine et vacillante, instable. Je me déshabillais. A la seconde ou mes vêtements avaient quitté ma peau, le désir me reprit : me montrer nu, rasé m’excitait. Mes yeux habitués à l’obscurité saisirent mon reflet dans le miroir. Je distinguais sa silhouette derrière moi. J’étais terriblement excité et effrayé. Je sentis entre mes cuisses sa main huilée, glissante sur ma peau lisse, comme un serpent autour de l’arbre de la tentation. Je compris Eve d’avoir sucombée à la tentation.
Je me sentais désirable et languissais d’être pris. Je me mis à onduler devant le miroir, en me caressant le sexe, creusant les reins pour ouvrir mes fesses dans une attitude de femelle soumise. Il me fit attendre. Il saisit la pointe de mes seins et les étira, je baissais les yeux et vis mes petits seins poindre sous la tension, j’étais vraiment devenu femelle.
Enfin, Il me pénétra et enfonça son membre tout entier.
Il me besogna sans que je ressente le plaisir escompté malgré ses coups de boutoir. Son membre se raidit, je sentis le spasme libérateur et perçu la chaleur de son sperme se répandre dans mon vagin.
Il se sépara de mon anneau. Je me roulais sur le sol en me caressant les seins. Mon regard s’arrêta sur un objet incongru : une statuette de bois rouge sombre trônait et rayonnait d’une silencieuse présence animée par la lumière vacillante de la bougie. Elle figurait un singe accroupi tenant à deux mains un long membre viril dressé. Son extrémité était constituée de 3 glands oblongs, superposés de taille croissante, séparés chacun par un collet étroit ceint par un collier de perles rouges. Le bois était poli et luisant.
- C’est l’esprit d’ONA, c’est lui qui vous a appelé et amené ici. Il vous habite de désir et vous procure la jouissance. Il doit être honoré et se nourrit du sperme et de sang.
Je le chevauchais avec mon vagin encore humide de sperme en montant et descendant toujours plus bas pour le faire pénétrer. C’est l’élargissement puis le relâchement de mon anus à chaque franchissement qui me procurait du plaisir. C’est le dernier gland, le plus gros qui me prodigua autant de plaisir que de souffrance en me dilatant. Je poussai un cri en jouissant. Mon sexe se tenait en face de son visage. Plusieurs jets de sperme inondèrent la face de l’idole au moment où je fus franchi. Je restai empalé pendant de longues secondes avant de me séparer.
Un éclair illumina la pièce.
Je n’ai pas conservé la photo….
En le retirant de mon corps, je vis le membre du singe couronné de sperme et de liquide anal, accompagné d’un filet de sang. J’étais défloré. Je léchais le gland qui m’avait fait jouir.
Chancelant, je me rhabillais en hâte et me retrouvais dans la rue, le feu avait disparu, étourdi d’avoir découvert la part féminine de moi. Je repassai devant la vitrine et compris que le fétiche africain me représentait, mes deux moitiés masculines et féminines réunies pour la première fois grâce à la cordelette qui les liaient. Je compris que la Déesse ONA était ce lien.
Ce fut la première et la dernière fois que je fus sodomisé par un homme.
Depuis plus de vingt ans maintenant, mon épouse visite mon vagin chaque fois qu’ONA m’appelle, comme je n’oublie pas de l’honorer comme un homme.
Aristophane m’aurait qualifié d’androgyne.